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Primaire De La Gauche : Les Programmes Economiques Au Crible

© Getty Images

Rompre avec les « années Hollande » tout en assumant (une partie de) la politique menée, c’est le drôle de numéro d’équilibriste auquel se livrent les aspirants socialistes à l’Elysée.

En dépit d’un début de campagne mi-figue mi-raisin et de difficultés à imprimer ses thématiques de prédilection dans l’opinion, Manuel Valls caracole en tête des sondages de la primaire socialiste, ou plutôt de la plus lyrique « belle alliance populaire ». En effet, le Premier ministre recueillerait 43% des suffrages, contre 25% pour son lointain dauphin Arnaud Montebourg. L’ancien ministre de l’Education, Benoît Hamon, peut s’enorgueillir d’un score des plus flatteurs à 22%, soit 11 points de plus que lors de la précédente enquête. De quoi rêver d’un destin à la François Fillon ? Enfin Vincent Peillon, auteur également d’une entrée en campagne poussive, est très largement distancé avec 7% des intentions de vote.

Point commun des quatre principaux candidats briguant l’onction du Parti socialiste pour se lancer dans la course à l’Elysée ? Ils ont tous été, à un moment ou un autre du quinquennat, ministres de François Hollande et même chef du gouvernement pendant plus de deux années pour Manuel Valls. Une « expérience de terrain » qui a permis à chacun des membres « de la bande des quatre » de peaufiner et ciseler son projet et ne pas reproduire les erreurs du passé, notamment sur le terrain économique. Demandez le programme !

Déficit : ambition VS principe de réalité ?

En matière de discipline budgétaire, Manuel Valls, chantre d’une « République forte et d’une France juste » (son slogan de campagne) se montre résolument sceptique sur une réduction du déficit « à marche forcée » et plaide pour davantage de pragmatisme en la matière, se bornant à vouloir le maintenir sous la barre fatidique des 3% comme prévu. Mais le retour à l’équilibre des comptes publics d’ici la fin du quinquennat ne figure pas dans le programme de l’ancien Premier ministre.

A l’inverse, Vincent Peillon est davantage optimiste (trop ?) sur cette question, promettant de ramener le déficit à 1,5% à l’horizon 2022.  Les injonctions de Bruxelles sont, en revanche, battues en brèche par Arnaud Montebourg, refusant de se conformer à ladite règle. Enfin, Benoît Hamon rejette également cet objectif et plaide pour une annulation de la dette accumulée depuis 2008 pour les pays membres de l’Union européenne.

(Loi) Travail : abrogation, synthèse, maintien

Vent debout contre la « loi travail » au cœur du printemps, Benoît Hamon n’a pas varié d’un iota et reste fidèle à son engagement « pré-primaire », à savoir abroger purement et simplement le texte. L’ancien ministre de l’Education propose ainsi l’instauration d’un revenu universel pour tous afin d’accompagner la réduction du temps de travail. Après avoir annoncé dans un premier temps qu’il voulait renégocier le texte, Arnaud Montebourg a finalement rejoint la cohorte des partisans d’une suppression de la loi et propose, toujours dans cette thématique, de développer le télétravail.

Manuel Valls qui a littéralement porté le texte durant toute la durée des débats, assurant également le service après-vente, n’entend bien entendu pas revenir sur le texte. De son côté, Vincent Peillon brille par son art de la synthèse si cher aux socialistes en revenant sur certains aspects de la loi El Khomri afin de « rétablir la hiérarchie des normes » et supprimer l’article permettant à un accord d’entreprise de réduire, par exemple, la majoration des heures supplémentaires.

Fiscalité : la « Valls hésitation »

Clouée au pilori dès l’arrivée de François Hollande à l’Elysée en 2012, la défiscalisation des heures supplémentaires reviendrait sur le devant de la scène en cas de victoire de Manuel Valls en mai prochain. « Je veux rétablir cette mesure parce qu’il y a eu un sentiment de frustration, de sentiment, au fond, qu’on ne prenait pas en compte ceux qui travaillaient davantage », souligne l’ancien maire d’Evry. Un postulat pas si différent de celui de Nicolas Sarkozy finalement à une nuance près pour l’ancien locataire de Matignon : l’instauration d’un plafond au-delà duquel les heures supplémentaires ne seraient plus défiscalisées, « qui pourrait être fixé, par exemple, à 5 000 ou 6 000 euros ». Et cela, afin que « cette mesure bénéficie d’abord à ceux qui en ont le plus besoin et pour éviter les abus », précise encore Manuel Valls.

En matière fiscale, Vincent Peillon plaide pour un rapprochement la CSG et l’impôt sur le revenu – énième arlésienne – en proposant une CSG progressive. Dans un autre registre, l’ancien député européen propose d’élargir le taux réduit de 15% de l’impôt sur les sociétés aux premiers 100 000 euros de bénéfices réalisés par les PME, et non plus aux premiers 38 120 euros. Arnaud Montebourg souhaite utiliser la fiscalité comme « levier de justice sociale » et prône la suppression du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) pour « les grands groupes qui n’en ont pas besoin », soit une économie de 10 milliards d’euros. Dans le détail, huit milliards seraient dévolus à la baisse de la CSG pour les classes moyennes et populaires et les deux milliards restants iraient à la réforme du Revenu de solidarité et d’insertion (RSI). Enfin, Benoît Hamon, à l’instar de son prédécesseur rue de Grenelle, vise également une fusion entre la CSG et l’impôt sur le revenu, et planche également sur la création d’un impôt unique sur le patrimoine, progressif, net des dettes, comprenant notamment la taxe foncière et l’ISF.

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