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Présidentielle : Petits Candidats Aux Grandes Ambitions

Crédit Photo : Pierre MARCELLESI Gamma / Getty Images

A chaque élection présidentielle, une myriade de petits candidats tente de s’introduire dans la « cour des grands » et de peser dans le débat avant, le plus souvent de disparaître, lorsque les choses « sérieuses » commencent, notamment avec l’écueil des 500 signatures. Coup de projecteur sur ces petites voix qui tentent de se faire entendre dans le vacarme des « candidats traditionnels ».

JACQUES CHEMINADE

Tous les cinq ans désormais, de nombreux candidats, ne se sentant guère représentés par les partis dits « du système », ou en marge de ceux-ci, tentent de faire valoir leurs droits et bénéficier d’une tribune médiatique, aussi fugace soit-elle. Premier de cordée, car « récidiviste », Jacques Cheminade, 74 ans, président de la microscopique formation « Solidarité et Progrès », qui brigue une troisième candidature à la magistrature suprême après ses deux échecs en 1995 et 2012, obtenant 0,28% puis 0,25% des suffrages exprimés. Fines lunettes lui donnant une allure sérieuse, Jacques Cheminade, auréolé de son statut d’énarque et ancien d’HEC, un « background » dans la plus pure tradition des hommes politiques français espère, une fois n’est pas coutume, se démarquer de ses rivaux.

En effet, à la différence de ses contemporains, Jacques Cheminade semble avoir « des kilomètres d’avance » dans  « l’innovation »,  au regard de sa volonté de « conquête de la lune et de la planète Mars ». Faisant de cette doléance « un impératif moral » tout en « mettant Mars à notre portée grâce à la fusion thermonucléaire ». Tout un programme.

RAMA YADE

Autre figure, plus familière celle-ci, moins farfelue mais tout aussi solitaire, l’ancienne secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme : Rama Yade. L’ancienne égérie de la Sarkozie, 39 ans, a, contre toute attente, fait état de ses velléités présidentielles, à la fin du mois d’avril dernier, sans passer par la case primaire des Républicains, elle qui avait trouvé refuge auprès du Parti radical-avant d’en être exclue- après son départ de l’UMP. Sans parti, ni troupes, en dépit d’un mouvement embryonnaire baptisé « La France qui ose », après quoi court l’ancienne protégée de Jean-Louis Borloo ?

« C’est un moment important pour moi. Je ne suis pas candidate à la primaire des Républicains, fidèle en cela à l’esprit du général de Gaulle ». Une référence « prestigieuse », quoique malheureusement un peu galvaudée à force de la brandir à tort et à travers pour celle qui revendique « 50 000 sympathisants dans tout le pays, 102 comités dans chaque département de France ». Une « force de frappe » qui avait visiblement oublié « d’actionner son réveil » le 21 juin dernier, lors du déplacement de la candidate à Auxerre.

HENRY DE LESQUEN

Volontiers outrancier et ayant érigé la provocation en véritable stratégie électorale, le président de Radio Courtoise, Henry de Lesquen, 67 ans, se pose « en seul véritable candidat de la droite ». Coutumier des polémiques sur Twitter- il s’est notamment déclaré « émerveillé de la longévité des rescapés de la Shoah », il multiplie les controverses et franchit souvent la ligne rouge. Ancien énarque et cofondateur du « Club de l’horloge », cet ancien conseiller municipal de Versailles propose, en guise de programme, de bannir, selon les propos mêmes de l’intéressé, la « musique nègre de l’espace public » -cela concerne le blues, le jazz et bien sur « l’immonde rap » toujours selon sa prose- ou encore de balayer les acquis sociaux et de revenir, économiquement parlant, au XIXe siècle avant l’émergence du socialisme.

Autre projet lui tenant particulièrement à cœur, l’annexion de la Belgique, d’Andorre, de Monaco ou des Iles normandes. Des velléités expansionnistes qu’il espère, mettre en pratique, une fois élu, depuis le Château de Vincennes où il élira domicile, l’Elysée étant visiblement moins fonctionnel pour ses « subtils » desseins. Enfin, Henry de Lesquen a  une solution toute trouvée pour rétablir la paix sociale : brûler le code du travail et expulser les immigrés. Ainsi, selon lui, le chômage disparaîtra.

JEAN LASSALLE

Plus « sympathique », la candidature de Jean Lassalle, 60 ans, alias « le député qui marche » surnom hérité de sa longue marche en 2013 où il était parti à la rencontre des Français, dont il avait consigné les doléances dans des « cahiers de l’espoir ». En rupture de ban avec le MoDem, et son président François Bayrou, Jean Lassalle a décidé, à l’instar de son ancien compagnon de route de tenter l’aventure solitaire. « Je pose cet acte avec humilité et enthousiasme. Cette décision a été profondément et parfois douloureusement réfléchie ». Et de poursuivre. « Le peuple se sent déjà largement dépossédé de ses capacités de choix. Les primaires renforcent ce sentiment qu’il n’a plus d’autre option que de voter pour des candidats choisis en amont par les trois ou quatre partis dominants », explique-t-il.

Se voulant le candidat « du peuple » et sûr de sa force, l’élu basco-béarnais souligne, le plus naturellement du monde, que François Bayrou le rejoindra, « une fois que celui-ci en aura terminé avec Alain Juppé » (ndlr le président du MoDem soutenant la candidature du maire de Bordeaux).  En attendant, Jean Lassalle, dont la renommée remonte à 2006, date à laquelle il  avait mené une grève de la faim pour empêcher (avec succès) la délocalisation d’une usine dans sa commune qui employait 150 salariés, continue d’arpenter la France à la recherche des 500 précieux sésames.

JEAN-PIERRE MELIA

Totalement inconnu du grand public, hormis des « aficionados » de la télé-réalité où il a connu une petite notoriété dans l’émission d’aventures « Pékin Express », Jean-Pierre Mélia concourt à l’Elysée avec pour seule ligne programmatique, un projet de loi de Finances qui permettra de « présenter un budget équilibré pour redresser le pays ». Porte-drapeau de l’obscure formation, le vrai Rassemblement, créée par ses soins et qui se veut « le seul parti qui ne rejette personne », Jean-Pierre Mélia qui se dit « plus vieux que Juppé » (ndlr l’ancien Premier ministre étant âgé de 72 ans), ne souhaite pas composer un gouvernement de « professionnels de la politique » s’il venait à accéder à la magistrature suprême.

Il ferait, en effet, appel à un cabinet de chasseurs de têtes pour procéder à « un casting » pour engager en une quinzaine de jours, comme il le révèle dans les colonnes du Point, des ministres suffisamment compétent pour sortir la France du marasme et de sa torpeur. Et de promettre également de ne jamais augmenter les impôts des Français et, surtout, d’en finir avec des pratiques d’un autre temps, avec pour ligne directrice, comme tout homme politique qui se respecte : « de ne jamais mentir aux Français »…

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