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Marlène Schiappa : « En Politique, Les Femmes Ne Doivent Plus Être Un Dernier Recours »

© Getty Images

Emmanuel Macron a pour ambition d’avoir 50% de femmes élues issues du mouvement et non pas seulement 50% de femmes candidates. C’est bien cela ? 

Je fais partie de la Commission nationale d’investiture qui a pour mission de désigner les candidats aux élections législatives. La parité est notre critère numéro 1 et il s’agit, en effet, de positionner des femmes sur des circonscriptions gagnables, autant que les hommes. Emmanuel Macron est intransigeant là-dessus. La question n’est même pas de savoir ce que proposent les autres candidats car Emmanuel Macron est le seul à s’emparer de ces questions. Le programme de François Fillon, par exemple, est profondément dangereux pour le droit des femmes et pour l’égalité. Il se dit contre l’IVG à titre personnel et la dernière personne à avoir tenu ce genre de discours n’était autre que Donald Trump, dont la première action a été d’asphyxier le financement des centres de planifications familiales ! Nous ne sommes pas à l’abri en France. Il n’y aura pas de statut quo. Parmi les candidats à la présidentielle nous avons donc le choix entre une immense avancée – incarnée par Emmanuel Macron et un énorme retour en arrière – avec François Fillon ou Marine Le Pen.

Parmi les propositions d’Emmanuel Macron pour lutter contre l’inégalité femmes-hommes en entreprise, la démocratisation de la pratique du « Name and Shame ». Pouvez-vous nous expliquer ce dont il s’agit ?

Les entreprises qui discriminent les femmes et qui ne respectent pas les lois sur l’égalité entre les femmes et les hommes, puisque de toute évidence elles ne vont pas se dénoncer elles-mêmes, il faut faire en sorte d’agir sur ce qui va les déranger. Les pénalités financières – c’est d’ailleurs la même chose en politique lorsque la parité n’est pas respectée – ne sont pas vraiment efficaces et sont rapidement absorbées. L’idée est donc d’avoir des outils de mesure et faire du « testing » à l’anglo-saxonne et dénoncer publiquement les entreprises qui ne respecteraient pas la loi. Car la réputation et l’image de marque sont les biens les plus précieux d’une entreprise et je pense que c’est avec ce genre de leviers que nous devons agir. Nous auditionnons à En Marche! un certain nombre d’entreprises qui ont mis en place des pratiques innovantes de ce type et l’idée est également de les diffuser le plus largement possible et de les généraliser.

Au-delà, les autres mesures pour l’égalité femmes-hommes portées par Emmanuel Macron sont aussi de nature à résorber les écarts de salaires entre femmes et hommes. Par exemple, faire la transparence sur les attributions de places en crèches : c’est une politique publique familiale, mais quand on sait que 98% des parents qui cessent de travailler pour garder leurs bébés sont des mères, on comprend que cela a un impact direct sur elles et leur trajectoire professionnelle.

Vous venez de publier deux livres, « Où sont les violeurs – essai sur la culture du viol » chez L’Aube, et « Paroles de femmes, 150 citations inspirantes d’hier et d’aujourd’hui » aux Editions First. Quel est le but affiché de ces livres ?

Dans « Plafond de mère – comment la maternité freine la carrière des femmes » j’avais étudié les mécanismes entrelacés des inégalités professionnelles et familiales, sujet de lobbying de l’équipe de Maman travaille, et que j’avais décliné en roman dans « Pas plus de 4 heures de sommeil ». Je suis maire adjointe au Mans, déléguée à l’égalité femmes-hommes et je tiens des permanences pendant lesquelles énormément de femmes viennent me parler de viols ou d’agressions sexuelles dont elles ont été victimes. Elles ne savent pas vers qui se tourner ou n’osent pas porter plainte ou parfois pas aller voir des associations. Ce sont des questions qui me touchent particulièrement en tant que militante féministe qui travaille depuis 10 ans sur les thématiques d’égalité familiale et d’égalité professionnelle. Je me suis ainsi rendue compte, à mesure de l’avancée de mes travaux, conférences et de mes échanges que les violences sexistes et sexuelles et plus largement la culture du viol entravaient la carrière des femmes. Cela a évidemment un impact sur l’implication des femmes dans leur vie professionnelle. Il y a un coût économique et social colossal, porté par toute la société, mais tu. C’est à partir de ce constat d’un consensus social tacite que tout le monde constate et déplore comme étant une fatalité que j’ai décidé de publier ce livre.

Concernant Paroles de femmes, à la base, une expérience simple : je voulais vérifier sur Internet une citation sur la maternité. Et j’ai constaté que dans tous les sites de citations, on fait parler bien plus les hommes que les femmes, y compris sur des sujets intrinsèquement féminins comme la grossesse ! En tant que romancière,  j’aime les mots et en tant que militante féministe, j’ai à cœur de faire entendre toutes les femmes. Dans ce livre, je cite aussi bien Benoîte Groult que Muriel Ighmouracène ou Virginie Despentes. Comme le dit Simone de Beauvoir, « on n’est jamais féministe pour soi-même, toujours pour les autres : est féministe celle qui trouve intolérable pour une autre ce qu’elle n’accepterait pas pour elle-même. »

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