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Les Idées De Martin Schulz, Adversaire Sérieux D’Angela Merkel A La Chancellerie

Angela Merkel a réellement du souci à se faire pour sa prochaine échéance électorale. Un des candidats du SPD, le parti adversaire, arrive en tête des sondages, et force est de constater qu’il n’a pas les mêmes idées en matière d’Europe et de positionnement allemand. Et pour cause, il veut sauver la Grèce, et rééquilibrer durablement le fonctionnement de l’Union européenne.

 

Alors qui est Martin Schulz, cet allemand que personne ou presque ne connaissait il y a encore un an et auquel tout le monde aujourd’hui s’intéresse ? 

Martin Schulz est le leader du SPD et le SPD depuis six mois est revenu au devant la scène politique allemande au point de menacer sérieusement la réélection d’Angela Merkel lors du renouvellement de son mandat. Depuis deux mois, le SPD est redevenu le premier parti politique d’Allemagne devant la CDU qui supporte Angela Merkel.

Martin Schulz, l’ancien président du parlement européen a été officiellement désigné comme le candidat des socio-démocrates à la Chancellerie. Si on s’en tient aux chiffres, les rapports de force politique devraient lui permettre de réunir une majorité SPD sans avoir à s’allier à une coalition comme l’avait fait Angela Merkel.

Alors le SPD et son président profitent inévitablement de l’affaiblissement d’Angela Merkel qui a visiblement été mal entendue par les allemands dans les positions qu’elle a prises face aux vagues d’immigration. Par ailleurs, beaucoup s’inquiètent en Allemagne des fragilités de l’Union européenne.

 

Alors, comme partout en Europe et dans le monde, les mouvements populistes gagnent du terrain certes, mais moins qu’ailleurs. Le grand gagnant du mécontentement des classes moyennes allemandes est plutôt le SPD et son président Martin Schulz.

Ce qui est intéressant chez Martin Schulz, c’est qu’il porte une vision de l’évolution allemande assez diffèrent d’Angela Merkel et qui pourrait annoncer et préparer un renouveau pour l’Allemagne et pour l’Union européenne. Le projet Schulz est totalement inscrit dans l’évolution et le renforcement de la zone euro.

Martin Schulz est culturellement européen. Il a été président du parlement européen, artisan du renforcement des pouvoirs de contrôle de ce parlement et il est un des dirigeants allemands qui connait le mieux la puissance de l’Europe, sa diversité et ses faiblesses. C’est aussi, et sans doute celui qui connaît le mieux la France. Il parle le français mieux que l’anglais ce qui est rare outre-rhin, et possède une maison à Morlaix où il y passe beaucoup de temps, à sillonner la cote et l’arrière-pays breton. Ce qui lui donne, par exemple une idée de la situation de l’industrie agro-alimentaire autre que celle qu’on s’en fait à Bruxelles.

En sortant du parlement de Strasbourg, il avait postulé pour prendre la succession de Jose Manuel Barroso comme président de la commission, mais Berlin ne l’a guère aidé. D’où son engagement au sein du SPD et partir à l’assaut de la chancellerie.

Mais au delà de cet enjeu de pouvoir pour le SPD, et fort de son expérience et de ses convictions européennes, Martin Schulz porte un projet d’évolution de l’Union européenne très diffèrent du projet auquel s’agrippe Angela Merkel.

 

  • Son diagnostic est très simple.

Premier point, il se félicite évidemment de la puissance économique et financière de l’Allemagne, pas question de revenir sur cette politique de compétitivité qui a permis à l’Allemagne d’accéder à tous les podiums.

Deuxième point, revers de la médaille, cette puissance économique a fait de l’Allemagne le banquier des autres pays membres plus fragiles. Du coup, si un des pays membres de l’Union craque, les autres risquent de craquer et c’est l‘Allemagne qui se retrouve piégée. Sur la Grèce, par exemple, Martin Schulz n’est pas favorable à une position trop dure parce que l’effondrement de la Grèce serait préjudiciable à tout le monde.

Troisième point et c’est le plus important, Martin Schulz estime que le moment est venu de s’interroger sur la puissance exportatrice de l’Allemagne. Pour la troisième année consécutive, l’économie allemande a battu tous les records de son histoire en exportant beaucoup plus qu‘elle n’importe. Ce qui est une force pour beaucoup peut être considérée comme une faiblesse par les experts du SPD. Ces exportations font dépendre la croissance et l’emploi du ou des clients et de la solvabilité de ceux qui achètent.

L’Allemagne est très souvent obligée de financer ses clients. La vraie question de politique économique que soulève Martin Schulz est de savoir si l’Allemagne n’aurait pas plus intérêt à financer son économie interne ; ses investissements et sa consommation.

En clair, plutôt que de contribuer à creuser chez ses partenaires européens des déficits qu’elle est obligée de financer, mieux vaudrait utiliser ces moyens à financer des équipements collectifs qui lui manquent (routes, voies de chemins de fer, …) des investissements privés et laisser augmenter les salaires pour doper un peu la consommation intérieure.

Pour le SPD, il ne s’agit pas de tomber dans les affres du déficit budgétaire, il s’agit de rééquilibrer la politique économique intérieure, ce qui donnerait de l’oxygène aux autres pays de l’Union européenne qui peine à respecter des critères de gestion qui ont été construits pour l’économie allemande.

En clair, quand Martin Schulz ajoute aux fruits des accords de compétitivité, les bénéfices des taux d’intérêt très bas, ceux d’un pétrole pas cher et la pression sur les salaires liés à l’immigration, il en arrive à des excédents dont l‘Allemagne n’a pas tellement besoin. D’autant que l’Allemagne ne participe pas trop au financement de dépenses communes européennes comme les dépenses militaires.

Sans connaître le programme détaillé de Martin Schulz, on sait en Allemagne que le SPD a les moyens de fabriquer un modèle assez nouveau pour les allemands et que ce modèle les séduit parce qu’il offre une alternative au populisme.

 

Un modèle qui fonctionnerait sur trois axes

Axe1 : moins de compétitivités externes, donc moins d’excédents
Axe2 : plus de consommation et d’investissements internes
Axe3 : Plus d’oxygène pour les autres pays de la zone Euro, donc plus de solidarité

 

Le corollaire politique de cette construction passe aussi par plus de fédéralisme européen. C’est presque un autre débat.

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