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Emmanuel Macron, La Fuite En Avant

Crédit Photo : Thomas Trutschel/Photothek / Getty Images

L’impétueux ministre de l’Economie, qui multiplie les sorties de route, semble davantage préoccupé par son avenir personnel que par la situation économique de la France, à une semaine du grand meeting de son mouvement « En marche ! », premier jalon vers une candidature à la présidentielle.

« Il s’est lancé comme un baril de lessive, il finira comme une bulle de savon ». La saillie, caustique à souhait, est signée François Bayrou, qui en plus de 30 ans de vie politique a vu défiler légion de candidats potentiels, au pinacle sondagier, avant de voir leurs ambitions grandissantes se fracasser sur l’autel de la « realpolitik » et des « arrangements entre amis ». A l’instar du président du MoDem, ils sont nombreux, les acteurs ou observateurs du monde politique, à voir en Emmanuel Macron une bulle « spéculative », voire une « baudruche » qui se dégonflera à mesure que l’échéance présidentielle se rapprochera.

Pourtant le jeune ministre de l’Economie n’a cure de ces oiseaux de mauvais augure et continue de tracer son sillon, comme si de rien n’était ou presque. Il n’en finit plus d’agacer ses collègues avec ses nombreuses sorties qui mettent à mal la « sacro-sainte » solidarité gouvernementale. Dernière en date : la polémique l’ayant opposé à Christian Eckert ministre du Budget.

Une solidarité gouvernementale en lambeaux

En effet, en visite au salon Viva Technology ce samedi, l’ancien conseiller de François Hollande s’est enquis de l’état des commandes de « Sea Bubbles », ces véhicules dont la coque est propulsée à grande vitesse hors de l’eau grâce à des « ailes » immergées, fonctionnant comme des ailes d’avion, donnant une impression de lévitation. Des véhicules dévolus aux douaniers…sous la responsabilité du ministre des Finances et du Budget, en l’occurrence Christian Eckert. Ce dernier n’a pas apprécié que son collègue de l’Economie dépasse-une fois de plus- ses prérogatives, le rabrouant sévèrement sur Twitter.

Une «habitude » pour Christian Eckert qui, lors de la polémique mettant aux prises Emmanuel Macron et son assujettissement à l’ISF, avait publié une « méthode » intitulée : « L’impôt sur la fortune pour les nuls (et pour les autres) », désignant à mots couverts son collègue de l’Economie.

L’ancien banquier d’affaires tentera d’éteindre cette polémique naissante, sur le ton de l’humour, mais son attention est déjà ailleurs. Dans une semaine précisément, le grand meeting de son mouvement « En Marche ! » le consacrera comme la seule alternative crédible à François Hollande à gauche. Mais Emmanuel Macron, qui ne s’est jamais présenté à une élection, qui n’a aucun parti derrière lui et dont les militants –au nombre de 50 000 mais sans la moindre cotisation à payer- ne sont guère rompus aux joutes d’une campagne électorale, peut-il vraiment bousculer l’ordre établi et « rénover la politique » ?

Macron, « Villepin de gauche ? »

Un parcours- énarque n’ayant jamais affronté le suffrage universel- qui n’est pas sans rappeler celui de Dominique de Villepin. Brillant hussard de la Chiraquie, le flamboyant ex-ministre des Affaires étrangères était ainsi parvenu, outre le Quai d’Orsay, à occuper le bureau du ministère de l’Intérieur avant de décrocher Matignon, déposant Michèle Alliot-Marie, promise au poste, sur le bas-côté.

Empêtré dans une guerre judiciaire, fratricide et personnelle avec Nicolas Sarkozy, celui qui a dit « non » à la guerre en Irak, au nom de la France en 2003 avait tenté d’incarner une alternative à droite. Sa tentative se matérialisera en 2010, avec le lancement de son parti « République Solidaire » qui fera office de véritable démonstration de force. L’ancien Premier ministre est alors incontournable, et si la victoire n’est pas à portée, il espère, à ce moment-là, au moins peser suffisamment pour se muer en « faiseur de rois ».

Néanmoins, l’euphorie sera de courte durée pour l’ancien secrétaire général de l’Elysée plus à l’aise dans les sommets internationaux et dans les salons feutrés que sur les estrades et les marchés, en dépit d’une belle façon de faire, héritage des « années Chirac ». Une année plus tard, fin 2011, les forces en présence ont fondu, les soutiens politiques se limitent à deux députés et Dominique de Villepin lâche les rênes d’un parti en début de mort clinique, se déclarant candidat à l’élection présidentielle dans ce marasme.

Il ne parviendra guère à réunir les 500 signatures et jettera l’éponge après une « campagne embryonnaire » de quelques semaines, sans la moindre conviction. Retiré de la politique active, Dominique de Villepin dirige désormais « Villepin international », une société de conseil et de stratégie, « rentabilisant » ainsi son épais carnet d’adresses.

Mais si Dominique de Villepin s’est sabordé seul, les obstacles qui jalonneront le chemin d’Emmanuel Macron vers l’Elysée seront d’autant plus coriaces qu’ils se trouvent essentiellement au sein de sa propre famille politique, notamment à la tête de l’exécutif où Manuel Valls, et dans une moindre mesure et sans doute plus discrètement François Hollande, ne lui laisseront guère une once de répit. La bataille ne fait que commencer.

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