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Société Civile, Parlementaires, Entrepreneurs…Les Réseaux Macron à L’Abordage

© Getty Images

« Cœur de cible » des entrepreneurs

S’il existe un « électorat » particulièrement sensible au discours d’Emmanuel Macron, c’est bien celui des entrepreneurs. Pendant ses deux années à Bercy, le fondateur d’En Marche! a tissé des liens étroits avec certains d’entre eux qui n’ont pas hésité à lui manifester publiquement leur soutien. C’est notamment le cas de Marc Simoncini, fondateur de Meetic, qui a d’ores et déjà affirmé qu’il soutiendrait Emmanuel Macron « au maximum, médiatiquement et financièrement ». Autre soutien affirmé, celui de Gaël Duval, fondateur de la French Touch Conference, et PDG de jechange.fr. « Ma démarche est avant tout celle d’un entrepreneur. Je n’ai jamais fait de politique et ne me suis jamais encarté à aucun parti. ».

Dès lors, quel aspect de la personnalité d’Emmanuel Macron l’a séduit ? « Sa manière d’appréhender les problèmes aux antipodes des partis traditionnels », poursuit-il. Et d’illustrer son propos « Il est dans une logique de ‘doer’, à savoir de faire les choses de manière efficace, même les moins populaires, sans pour autant avoir le besoin de mettre à feu et à sang le parlement où les institutions ».

Un placement « peu risqué »

Une posture « active », au-dessus du clivage droite-gauche, qui trouve un écho particulier chez Gaël Duval. « Lorsque l’on me pose la question de mon orientation politique, je suis incapable d’y répondre. J’ai voté Sarkozy en 2007, je n’ai pas voté en 2012. Je ne me retrouve pas dans une société qui veut me placer dans une case ».  Un positionnement qui fait d’Emmanuel Macron « un placement peu risqué » pour les entrepreneurs, comme le confirme Pierre-Jean Le Mauff, directeur conseil chez Taddeo. « Soutenir un homme politique peut représenter un coût important pour un entrepreneur dans la mesure où il engage sa marque. L’exemple le plus marquant étant celui du l’enseigne de parfumeries Marionnaud, où le fondateur Bernard Marionnaud avait soutenu à titre personnel Jean-Marie Le Pen, ce qui avait conduit à un litige entre sa personne et le groupe qui, même s’il ne lui appartenait plus, portait toujours son nom ».

Mais le « cas » Emmanuel Macron est diamétralement différent, aux yeux du spécialiste. « Il n’y a aucun effet repoussoir chez lui car, même s’il a été deux ans ministre de l’Economie, il n’a pas de passif politique lourd, n’a pas été aux prises avec des combats qui laissent des traces, et surtout n’est pas dans une logique de partis et d’appareils ». Et de poursuivre. « Emmanuel Macron est, en quelque sorte, un ‘sexy support’ : à savoir un soutien qui coûte peu mais qui peut s’avérer particulièrement intéressant ».

Macron, le « sexy support »

Malgré ce positionnement particulièrement « attractif », et hormis Marc Simoncini, peu d’entrepreneurs de premier plan ont franchi le Rubicon au point de soutenir aussi ouvertement le fondateur d’En Marche!. Attendent-ils qu’il se déclare officiellement candidat pour le soutenir ? Un faux débat pour Gaël Duval. « Certains affirmaient attendre son départ de Bercy pour afficher leur soutien. Une fois celui-ci acté, les mêmes disaient vouloir d’abord le programme et maintenant ils temporisent à nouveau dans l’attente de sa candidature. »

Toutefois, certains entrepreneurs, à défaut de manifester un soutien franc et massif, se montrent particulièrement intéressés par la démarche de l’ancien banquier d’affaires. C’est notamment le cas d’Olivier Mathiot, cofondateur de Price Minister et président de France Digitale qui loue les compétences et l’approche d’Emmanuel Macron sur les thématiques relatives à l’entreprise. « Avec Nathalie Kosciusko-Morizet, c’est sans conteste celui qui comprend le mieux le monde de l’entreprise. Il a été, tout d’abord à l’Elysée puis à Bercy, un excellent interlocuteur avec un certain franc-parler mais également avec une véritable capacité d’action ». Autre qualité mise en exergue par Olivier Mathiot, le suivi des dossiers.

« Durant chaque réunion que nous (ndlr France Digitale) avons pu avoir avec lui et ses équipes nous avons pu mesurer, pour parler trivialement, que ce qu’il promettait, il le faisait ». Et de mettre également en exergue, à l’instar d’autres, l’approche davantage pragmatique que dogmatique d’Emmanuel Macron. « Certaines personnalités politiques peuvent, en effet, se montrer pragmatiques de prime abord mais se font ensuite rattraper par leur majorité. Mais ce n’est pas le cas d’Emmanuel Macron qui a su s’affranchir de ces considérations en présentant les réalités telles qu’elles sont que ce soit sur les fonctionnaires, les 35 heures ou encore le rapport à l’argent ».

« Etre actif plutôt que spectateur »

Un « parler-vrai » qui a également intrigué Coralie Dubost, 33 ans, conseillère en ressources sociales et environnementales et qui, après une phase d’observation de plusieurs mois, a rejoint la cohorte des volontaires d’En Marche! et devenue depuis référente départementale dans l’Hérault.  Le « personnage » Macron a capté son attention, non pas lors d’une séquence économique comme beaucoup, mais au lendemain des attentats de novembre 2015. « Ses prises de position sur l’état d’urgence et la responsabilité internationale m’ont particulièrement interpellée. Davantage encore lorsqu’il lui a fallu se taire au nom de la solidarité gouvernementale ».

Autre point d’accroche pour la jeune femme, le fait qu’Emmanuel Macron n’incarne pas « l’homme providentiel », image d’Epinal de l’homme politique à la conquête du pouvoir. « En revanche, je le perçois comme un homme brillant, réaliste et engagé, qui a une véritable vision pour la France ». A l’instar de nombreux militants d’En Marche!, Coralie Dubost n’a aucun passé politique. « J’ai une longue expérience associative et entrepreneuriale mais la politique n’attirait pas mon engagement, notamment en raison des appareils ». Mais le « climat social délétère » a nourri sa réflexion de s’engager pour l’ancien ministre de l’Economie. « Au regard de la situation socio-économique et de la perspective 2017, je me suis dit qu’il était temps de mettre les mains à l’ouvrage, pour aller au-delà de la simple critique des politiques, être actif plutôt que spectateur ».

PARIS, FRANCE - JULY 12:  A general view of atmosphere during the 'En Marche' political party meeting at Theatre de la Mutualite on July 12, 2016 in Paris, France. Emmanuel Macron created the political party 'En Marche' on April 6, 2016.  (Photo by Aurelien Meunier/Getty Images)
« Hâte d’y être »

Une démarche quasi similaire à celle de Nachouat Meghouar, 26 ans, titulaire d’un master en Management des politiques publiques et référente des Jeunes avec Macron pour les Hauts-de-Seine, qui vit également son premier engagement politique. « Aucun homme politique ne trouvait grâce à mes yeux, bien que je me revendique comme étant une femme de gauche. Cependant, le discours d’Emmanuel Macron à destination des jeunes m’a particulièrement interpellée. Il a vite compris que nous nous sentions, pour beaucoup, empêchés d’entreprendre ».  Elle a également été rapidement conquise par le fait qu’Emmanuel Macron n’était pas un responsable politique « issu du sérail », ce que lui reprochent parfois ses adversaires.

« Au contraire, je pense que c’est une force. Je déplore la professionnalisation de la politique. Je trouve tellement ridicule l’idée selon laquelle pour accéder à de hautes responsabilités, il faudrait avoir suivi un parcours politique classique ». Visiblement impatiente d’entrer « dans le vif du sujet », Nachouat Meghouar, et à travers elle la presque centaine de milliers d’adhérents En Marche!, dont beaucoup sans grande expérience militante, sera-t-elle au rendez-vous lors des phases les plus chronophages de la campagne comme le phoning ou la collecte des parrainages d’élus ? L’intéressée n’a aucun doute à ce sujet. « Nous avons tous très hâte d’entrer dans cette phase active de campagne et défendre nos idées », abonde-t-elle. Un minutieux travail de fourmi indispensable pour permettre à la « tortue Macron » d’aborder la course à la présidentielle dans les meilleures conditions et, pourquoi pas, entraîner dans son sillage, ses troupes vers la victoire.

 

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