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On Ne Manage Plus Avec Des Sabots

Le management est un art

Soyons pratique de temps en temps au moins. La conduite des hommes dans un projet, c’est communiquer. Communiquer, c’est s’exprimer pour diriger. S’exprimer, c’est tout un art. De là à dire qu’il y a une part d’artiste chez chaque manager, il ne faut peut-être pas exagérer. Quoique, ça peut flatter un peu sans compromettre quoique ce soit. De fait, manager, c’est un art. Et le manager dispose pour cela de la communication, avec une bien jolie palette à son service.

 

Le manager est différent du leader

Un point d’ordre pour qu’il n’y ait pas de confusion : ne pas confondre leader et manager. J’en propose des définitions :

  • le leader est celui qui compose ses troupes parmi un public dont il ne connait pas les individualités
  • le manager a une équipe et il est supposé connaître chacun.

En France, on voit les leaders politiques en action en ce moment, certains racolent, cherchent à plaire, séduire, convaincre, par tous moyens. La sophistique donne dans tous ses excès. Ce n’est pas la course à l’éthique dans ce domaine, les idéologies s’y perdent elles-mêmes. Certains s’asseyent sur les repères que les autres recherchent. En tout cas, ces politiques sont des leaders, certes, mais pas managers. Le manager connait sa troupe. Il fréquente chacun, l’écoute, lui parle, dialogue… 

 

L’art du management confronté aux nouvelles exigences éthiques

L’art du management devient de plus en plus éthique, autrement dit avec l’exigence de la non manipulation. Une authenticité vérifiable. Une exigence au delà de la morale. Il ne suffit plus de dire, de clamer, d’interdire la contradiction ou de la contourner. Avant, même la loi du silence permettait tout. Maintenant, avec la diffusion de toutes les informations, de technologies et de l’instruction, l’exercice de l’autorité devient fragilisé, ce qui explique les réactions violentes de mouvements contraires. Nous sommes à une époque où un manager doit accompagner vers des objectifs explicites ; s’il existe des non-dits, avec des ressentiments, il en résultera des démotivations. Si ses équipes sont démotivées, c’est sa responsabilité qui est engagée.

 

Six clés de la communication éthique en management

Prenons un exemple : deux personnes sont dans une même situation, avec les mêmes moyens et ont les mêmes conditions de réalisation. L’une atteint l’objectif visé l’autre pas. La différence peut se résumer dans l’art du savoir faire. L’une a su, l’autre pas. La responsabilité est attribuée à qui ? Au manager.

Nous pouvons aller bien au delà des questions « Pourquoi et comment ? » Par delà les théories des bons managements et de la motivation, nous pouvons observer des constantes relationnelles. Il ne saurait être question de tout mélanger, la productivité est une chose, le management une autre. Parmi toutes les pratiques, voici un référentiel de l’efficacité – issu de la formation des médiateurs professionnels – de nature à concilier l’utile et l’agréable dans les relations de travail, avec 6 clés pour optimiser la communication des managers :

 

1. Communiquer en prenant comme repère les Faits/Actions par opposition aux Interprétations

Préférer décrire avec précision les actions de ses interlocuteurs plutôt que d’énoncer des interprétations ou tenir des propos jugeant. Les faits comme les actions doivent être décrits et pas qualifiés. S’il y a quelque chose à dire sur le fait d’une personne, ce n’est pas sur la personne même, ce qui implique de distinguer la personne de ses comportements.

 

2. Conséquences versus Contraintes

Préférer indiquer les conséquences concrètes en terme de contributions ou de restrictions plutôt que de clamer des contraintes en réponse.

 

3. Ressentis versus Prêts d’intention

Préférer exprimer ses manières de ressentir ce qui a été fait au regard des conséquences, plutôt que d’attribuer une volonté ou une intention de contrarier, d’empêcher ou de bloquer.

 

4. Reconnaissance versus négligence

Préférer reconnaître en quoi ses collaborateurs sont utiles et agréables dans la réalisation du projet de l’organisation, dans une démarche quotidienne et parfois événementielle, plutôt que de traiter les comportements contributifs comme normaux qu’il serait inutile, voire risqué de trop valoriser.

 

5. Diversifier sa communication

Savoir ouvrir sa communication à la réceptivité des autres, sans chercher à les décoder. Le mot clé est : diversifier. La phrase type est : « Je te le dis, je te le montre, je t’implique « . C’est de la pédagogie, plutôt que de pratiquer les dérives de la surenchère en fonctionnement et en communication. Notamment, faire plus que ce que l’on fait déjà habituellement. Le modèle SIC® démontre cette exigence et l’efficacité de la pratique : la mise en mot, la mise en scène et la mise en sens.

 

6. Pratiquer l’altérocentrage plutôt que la sympathie ou l’empathie

Quand ça ne va, parler de l’autre à l’autre plutôt que de pratiquer une communication sympathique ou antipathique, de complicité ou d’adversité. Voire de l’empathie. Le pathos est un adversaire relationnel, il est créateur du lit de la plainte. Il fait l’ouverture à toutes les récriminations. Utiliser un référentiel de raison et non de raisonnable. Le raisonnable, typique de la communication dérivée de Blaise Pascale, avec l’intelligence émotionnelle, est associé à la morale et à la normalisation vue par les uns aux dépens des autres. Contrairement à une idée bien répandue, l’autre n’est pas un autre soi-même, un alter ego. L’autre est un autre et c’est en tant que tel qu’il doit être reconnu. Les techniques de l’alterocentrage mettent en œuvre la reconnaissance de l’autre en tant qu’il est l’autre. Une clé essentielle de la motivation.

 

En bref : on ne manage plus avec des sabots

Ces six clés peuvent être enrichies de savoir-faire pour accompagner la motivation, la qualité d’implication, la détermination, voire la prise de responsabilité. L’exigence de la cohérence comportementale et relationnelle et le rapport éthique, sont de plus en plus forts en entreprise. L’altérité fait désormais partie des nouvelles exigences : de moins en moins de salariés acceptent d’être traités comme tout le monde, ce qui ne signifie pas que l’exigence d’égalité n’est pas encore plus forte. Une palette de communication est là, au service des managers, à chacun d’apprendre à composer. 

On ne manage plus avec des sabots. Manager, c’est savoir se renouveler dans ses manières de faire, de dire et d’impliquer. L’art de diversifier sa communication est un impératif pour être plus à l’aise face à des situations de plus en plus insolites. C’est la mise en oeuvre d’un nouveau paradigme.

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