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La Révolution Numérique Sera Sociale Ou Conduira À La Révolution

Nous pouvons nous extasier, béats, devant les prouesses technologiques dont le monde nous abreuve chaque jour. Nous pouvons penser que les exploits des start-up et « Géo trouvetout » de la terre, contiennent, par leur dynamisme et leur visée, les clés du rebond et de l’espoir de nos pays en panne. Nous pouvons être éberlués par la facilité, la rapidité, toujours croissante, de ces innovations technologiques ou innovations d’usage qui procurent, par le simple mouvement d’un doigt, un accès toujours plus facile à des services, chaque jour plus nombreux.  Nous pouvons rêver à une vie plus longue et de meilleure qualité, grâce à la prédiction que permettra le big data, en se basant sur nos données de santé. Nous pouvons rêver d’un monde débarrassé des travaux les plus pénibles. Nous pouvons penser tout cela et bien plus encore. La folie normative nous a privé d’une large partie de notre liberté, mais pas de celle de rêver.

Mais rêver n’empêche pas la lucidité. Faire la part des choses permet de rendre le rêve accessible et de lui éviter de muter en cauchemar. Un rêve en altitude, finit, une fois au sol de conduire sûrement à la frustration. Le manque d’attention à la réalité finit par coûter cher et priver de ses rêves.

Nous pouvons voir le verre à moitié plein et ne pas porter attention, sur celui, désespérément vide, d’une partie de plus en plus large de la population, qui voit, elle, la disparition des emplois industriels, le déclin des économies occidentales, la poussivité des économies émergentes, d’un œil anxieux, de l’œil de celui qui se sent exclu de l’avenir. Nous pouvons rester aveugle, les yeux rivés sur nos Smartphones, et laisser cet espace de quelques centimètres carrés devenir notre univers, notre alpha et l’oméga, et oublier « the big picture », le destin de l’humanité, de l’homme. Préférer cette œillère électronique qui nous empêche confortablement, et souvent lâchement, de regarder le vrai monde en face. Celui qui ne change pas de forme quand on clique dessus ! Faire du destin de l’humanité, un événement secondaire car évident. Evident car les technologies corrigeraient tout. Mais l’évidence n’existe pas quand il s’agit de l’avenir de l’homme. La théorie du chaos est là pour nous rappeler que les évidences n’appartiennent qu’aux béats et aux insouciants. Aux paresseux. Aux lâches. Et à ceux qui savent l’exploiter.

 

Le numérique contient en lui-même les germes du meilleur et les graines du pire. Comme tout depuis que le monde est monde. La frontière qui sépare le meilleur du pire est simple, c’est la réflexion et le courage.

La réflexion, car une révolution non pensée est un crime. Nous avons été d’un cerveau, il doit bien y avoir une raison.

Le courage, car il faut accepter l’idée de casser le rythme de l’évolution, de l’innovation, qui fait office de Dieu des temps modernes. Une idée n’est belle qu’après contestation.

L’enjeu de ce bouleversement n’est pas la technologie, le bénéfice pour la productivité, l’avantage que nous pourrons y trouver en termes de confort, de facilité, et de rapidité, le gain sur notre santé, notre éducation, l’amélioration de nos facultés intellectuelles. Non, l’enjeu c’est le destin de l’homme. La place de l’homme. Le rôle de l’homme. L’élévation de l’homme ou sa descente aux enfers.

Nous allons devoir nous poser une seule question et cette question est simple. Le progrès est-il au service de l’homme ou l’homme sera-t-il la variable d’une équation plus complexe, dont il ne sera qu’un maigre élément ? L’homme sera-t-il réduit aux données qu’il représente pour échapper ainsi à 3M d’années d’évolution ? Devra-t-il à échapper à sa propre définition, et partir « ailleurs » avant même de savoir d’où il vient vraiment ?

Nous aimerions que tout le monde conserve, en soi, la perpétuelle et infinie question, du pourquoi ? Ne plus commencer par expliquer le comment, mais le pourquoi. Quel est le projet ? Pourquoi le digital, la robotisation, le Transhumanisme, l’ubérisation ? Pourquoi !!??

Ces technologies qui commencent à nous traiter en données, risquent, sans contrôle et réflexion, de nous réduire à une variable. Un détail. Cela, je l’avoue, me fait peur. Je ne suis pourtant ni un réactionnaire, ni un conservateur. Pas d’ancêtre Mormons opposés aux technologies. Pas de relations proches marquées par la scientologie et qui refuseraient les transfusions et les progrès médicaux. Pas d’obscurantistes partis en Syrie chez mes cousins, mêmes éloignés, pour refuser par principe ce qui vient de l’Ouest. Pas d’apparition de réaction cutanée à la prononciation du mot capitalisme ou libéral. Rien de tout cela. Juste une passion pour l’homme, pour que son incroyable destin, et son incroyable unicité, dans un univers proche et connu en tous cas, le reste. L’homme est définit par son autonomie, son intelligence, sa fameuse conscience, son âme, la force de l’esprit comme aurait dit avant sa mort un ancien président français, et j’aimerais qu’il le reste. Unique. Unique dans son imperfection, ses différences, ses inégalités mêmes.

Pouvoir avancer l’esprit lucide, en prenant ce qu’il y a de meilleur pour nous renforcer et en refusant ce qui nous nie, nous réduit, ne me semble pas réactionnaire, mais éclairé, ouvert, intelligent. A la hauteur de ce, ou ceux, qui nous a donné l’intelligence. Qui ne gêne que ceux qui ne s’en servent pas.

Un avenir. Quel avenir ?

Nous sommes nombreux à voir les bénéfices potentiels des technologies et des nouveaux modèles économiques. Mais bien peu par rapport à l’immensité qui ne les voit pas du tout. Et ceux à qui les bénéfices n’apparaissent pas, sont plus nombreux et c’est à eux, via les urnes, que le pouvoir reviendra à la fin. Surtout quand l’optimisme souvent aveugle d’une minorité, qui le pouvoir de bénéficier du meilleur, frise l’inconscience. Une inconscience fortement mâtinée d’égoïsme.

Les urbains, bien dotés, vivant dans des conditions agréables, ont tendance à oublier ou préférer oublier, que l’humanité vit majoritairement une autre vie quotidienne. Ces économistes qui nous parlent des 2 milliards d’individus sortis du seuil de la pauvreté en 30 ans, ne pourraient pas survivre plus de 48H avec leurs conditions de vie. Alors cessons déjà de les réduire à des statistiques bidons, qui marquent notre autosatisfaction aveugle et conceptuelle et revenons sur leur terre, celle d’une vie impossible, même avec plus de 250$ par mois.

L’immense majorité des populations mondiales n’y croient plus. Elles ne se pâment pas devant nos prouesses technologiques, elles se désespèrent de leur sort. Elles ne croient plus en l’avenir. En leur capacité d’évolution, d’élévation. Et l’excitation de ceux qui s’extasient de ces machines qui remplaceront les hommes, les plongent dans un désarroi plus profond encore. Pour qu’ils s’extasient eux aussi, il faudra leur prouver, concrètement, qu’ils y ont une place. Et par n’importe laquelle. Sinon, non seulement ils la refuseront, mais ils la combattront. Violemment si nécessaire.

Voilà comment ils comprennent ces termes qui font vibrer les économistes :

Productivité. Le terme magique qui agite les débats TV. Le graal supposé de nos entreprises. Traduction : Baisse de salaire.

Robotisation. Automatisation. L’excitation de tant d’investisseurs obsédés de performance robotique. Traduction : Chômage.

Indépendant. Abandon du statut de salarié. Traduction : Précarisation.

A défaut d’une place dans l’avenir, nos populations préféreront le confort du passé. Le statu quo. Ou mieux, ils cèderont à la première promesse de retour du passé. Même s’il se désagrège, part en lambeaux de façon manifeste, chacun s’accrochera à chacun de ses petits morceaux, jusqu’à la disparition du dernier d’entre eux. Et qui pourrait leur en vouloir ? Ceux qui sont à l’abri au chaud pendant que le bout de banquise sur lequel ils voguent sans direction, fond un peu plus chaque jour ?

Le digital porte une promesse : le mieux. Mais il n’en montre que le pire. Et surtout, nous avons de plus en plus la certitude, que le pire l’emportera sur le meilleur, si l’on n’y prend garde. Alors le digital, les technologies seront acceptées à une seule condition, qu’elles apportent un avenir à ceux qui pensent ne plus en avoir. Ainsi la révolution digitale sera en réalité une révolution sociale ou ne sera pas. Et si elle n’est pas, elle sera une révolution simple, emportée, soutenue et entraînée par ceux qui auront été les «heureux bénéficiaires » du combat de la productivité et de l’automatisation.

Nous nous devons d’inventer un modèle alternatif. A l’échelle Européenne. Un modèle économiquement pérenne. Libéral au sens de liberté du terme. Social dans le sens humaniste, voué à l’humain, du terme. Un modèle qui mette l’homme devant. Une proposition d’évolution qui traduise tout en homme avant de l’accepter. Du mieux pour l’homme sinon rien.

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