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3 Défis Des Grandes Écoles Françaises Dans L’Ère Post-COVID19

écolesLarge group of business people at lecture in New York style auditorium

Trois défis susceptibles de mettre à mal nos Grandes Ecoles et Universités sur le devant de la scène académique internationale, s’ils ne sont pas relevés, s’avèrent plus que plausibles et ce avec effet immédiat, dès le sortir du COVID-19. Par Benoit Anger, DGA Corporate Development & Communication de Neoma BS.

Cela a souvent été souligné par le passé. Les grandes écoles de commerce françaises sont un des fleurons de l’enseignement supérieur européen. Plusieurs Business Schools et universités sont très bien placées dans les classements internationaux et les grandes écoles d’ingénieur y figurent également en bonne place. Cependant, confrontée à une crise sans précédent, l’attractivité de nos Grandes Ecoles à l’international pourrait perdre de sa « superbe ».

Limiter la baisse mécanique de la mobilité étudiante internationale

Une première certitude déjà à ce stade : la pandémie que nous vivons ne sera pas sans conséquence sur la mobilité étudiante. Même si les premiers indicateurs sur le nombre de candidatures reçues ces dernières semaines reste positifune possible baisse des effectifs recrutés à la prochaine rentrée reste plus que probable.

Campus France publiait récemment les chiffres clés 2017 de la mobilité étudiante dans le monde, et malgré une augmentation du nombre d’étudiants internationaux en mobilité en France (+ 5%), son attractivité générale recule : la France occupe désormais la 5ème place, alors qu’elle était encore 3ème en 2012. L’Australie et l’Allemagne sont passés devant nous depuis.

Tout ne va pas pour autant si mal si on se focalise sur les chiffres des Ecoles de commerce et de gestion qui surperforment avec une croissance de 70 % sur 3 ans. Alors, comment peut-on s’assurer de maintenir le cap malgré la pandémie ? Malheureusement aucune solution toute trouvée à ce stade… Tout dépendra de la rapidité à laquelle la pandémie sera jugulée et les campus ré-ouverts. Les institutions fortement dépendantes des recrutements internationaux, notamment d’étudiants asiatiques, risquent de traverser quelques turbulences à l’image des universités australiennes.

Capitaliser sur les zones à fort potentiel… sinon rien !

Ce qu’il y a fort à parier c’est que la dimension stratégique de l’Asie risque bien de sortir confortée de cette crise sanitaire. En complément de la relation privilégiée que la France entretient sur le plan éducatif notamment avec les pays d’Afrique et du Maghreb et sur laquelle elle doit naturellement continuer à capitaliser, notre pays doit aussi attirer davantage d’étudiants asiatiques.

Pourquoi ce focus asiatique ? Parce que les pays qui progressent le plus sont ceux qui attirent une majorité d’étudiants indiens et chinois. Un tournant asiatique que la plupart des Ecoles de commerce françaises ont su anticiper en ouvrant bureaux de représentation ou campus dans ces deux pays stratégiques. Un succès qui ne se dément pas comme le prouvent les récents chiffres publiés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) sur le sujet, soulignant que pour 47% des Indiens, 27% des Taiwanais et 24% des Chinois la poursuite d’études en Grandes Ecoles étaient la voie privilégiée. De quoi imposer ces pays comme des zones à très fort potentiel de développement pour nos Grandes Ecoles. Et pourtant malgré nos efforts les signaux ne sont pas encore complètement au vert….

Le recul du nombre d’étudiants chinois accueillis en France sur les 5 dernières années (- 6 %) est inquiétant. Il va nous falloir renforcer la coopération universitaire sino-française à l’instar de l’arrangement administratif signé en janvier dernier entre le Ministère de lʼEnseignement supérieur,
de la Recherche et de l’innovation et le ministère de l’Éducation de la République Populaire de Chine, relatif à la reconnaissance réciproque des études et des diplômes en vue de la poursuite d’études supérieures dans le pays partenaire. Un accord important notamment pour intensifier nos recrutements et mécaniquement un enjeu de taille pour participer au rayonnement de l’Enseignement Supérieur français dans la période post-COVID !

Même constat du côté de l’Inde…. Le pays, malgré un fort potentiel, n’est que le 16ème pays d’origine des étudiants en mobilité en France. Une incongruité quand on sait que plus de 330 000 étudiants indiens sont en mobilité selon les derniers chiffres de l’UNESCO. Le contexte géopolitique (Brexit, politique restrictive sur les visas étudiants aux Etats-Unis…) présente cependant une opportunité pour la plupart des établissements français. Sachons alors en profiter… Et pour cela, capitalisons sur l’accord signé en 2015 entre la France et l’Inde permettant aux étudiants indiens de rester 24 mois en France via le renouvellement de leur visa.

On l’aura compris, pour assurer la relance de l’enseignement supérieur à l’étranger, les Grandes Ecoles et universités risquent fort d’avoir besoin du soutien du gouvernement et la formalisation d’accords facilitant les synergies éducatives….

Faire de l’Innovation pédagogique le porte étendard éducatif français

Avec la fermeture brutale de leurs campus, les Ecoles ont su faire preuve de réactivité en mettant en place les enseignements à distance afin d’assurer la continuité pédagogique auprès des étudiants. Ce déploiement de cours en ligne dans de nombreux pays, dont la France, va incontestablement accélérer la bascule vers davantage de cours en ligne. Une bascule qui finalement ira « dans le sens de l’histoire » … Le Financial Times soulignait d’ailleurs récemment que la croissance des effectifs MBA provient désormais davantage des versions online que présentielles (quand les deux formats sont proposés). Prouvant par la même que l’enseignement online a plus que jamais le vent en poupe !

Sans compter que les établissements vont pouvoir tester et expérimenter, durant cette crise sanitaire, de nombreux nouveaux dispositifs distanciels qui pourraient à l’avenir compléter de manière significative – voire se substituer – au traditionnel face à face. La possibilité de proposer des dispositifs innovants, à même de répondre aux besoins d’apprentissage d’une génération ultra-connectée, sera l’un des leviers de différenciation à l’avenir pour émerger sur la scène académique internationale déjà ultra-concurrentielle !

On le voit, la guerre des talents fait rage. Et les meilleures institutions se disputent les meilleurs étudiants. Si l’excellence des formations proposées reste un critère de choix essentiel des étudiants, l’influence de la France repose également sur son soft power. Nous avons donc besoin d’Institutions qui rayonnent et sont visibles internationalement. Mais aussi d’une marque France forte pour accroître l’emprise de la France sur les relations internationales. Continuons à donner à Campus France les moyens d’y contribuer et de valoriser l’enseignement supérieur français dans le monde.

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