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Les Voiles De Chiharu Shiota Au Bon Marché

Source : Getty images

Cent cinquante bateaux du monde entier, de toutes les cultures et de toutes les tailles, voguent dans les airs du grand magasin, Le Bon Marché, à Paris. Sous les verrières centrales jusqu’aux vitrines, Chiharu Shiota, tisse actuellement ces embarcations majestueuses et poétiques. Après Ai Wei Wei, la direction du Bon Marché Rive Gauche a donné carte blanche à cette artiste japonaise pour la confection d’une installation contemporaine en temps réel. Intitulée «Where are we going?» l’exposition de Chiharu Shiota invite à une expérience inédite (à découvrir jusqu’au 18 février). Nous avons souhaité en savoir plus sur les inspirations et les bateaux de Chiharu Shiota. 

Virginie Achouch : Vous évoquez avec « where are you going » le départ. Il est aussi celui des immigrés qui cherchent à rejoindre l’Europe. Ces événements sont-ils liés à cette installation et à ces centaines d’embarcations ?
Chiharu Shiota : Les gens ont tendance à voir un lien entre mon bateau, l’installation en fil et l’immigration. Ils n’ont pas tout à fait tort, mais cela va plus loin. Mon intention est de creuser profondément un trait propre à l’humain qu’est la remise en question de nos moyens d’existence, ce qui nous mène à l’émerveillement et à l’incertitude de la vie. Je voulais mettre en lumière la complexité du cerveau humain et de son système nerveux en l’étirant avec un fil d’Ariane.
L’immigration est le principal sujet d’actualité. Je comprends le concept d’un moi intérieur et profond. Se déplacer vers un autre pays – émigrer – est le mouvement physique d’une personne qui change de pays, mais je le vois plus comme un mouvement qui se produit à l’intérieur de soi ; une personne qui veut ou qui doit partir, et adapter ses croyances afin de créer un sentiment d’inclusion pour trouver une nouveau chez soi. Peut-être qu’aujourd’hui, nous devons penser à cette « immigration intérieure et mentale » qui est en nous et qui nous donne le courage de bouger.
Notre cœur, notre âme et nos sentiments fortifient cet acte de partir, bouger. Ils servent d’énergie et impulsent nos décisions et nos croyances.
      
VA : Quelles ont été vos principales sources d’inspiration tout au long de votre carrière ?
C S : C’est la vie humaine qui m’inspire, elle est la raison pour laquelle j’utilise des objets de tous les jours dans mes installations. Les relations humaines, et tout ce qui nous lie ensemble, cela m’inspire aussi. C’est la raison pour laquelle j’utilise des installations en fil pour représenter ces relations enchevêtrées, coupées ou étirées. Les objets apportent un sentiment d’appartenance à l’homme et des traces sont toujours laissées par des personnes qui ont vécu dans une maison : une robe, une paire de chaussures, ou s’être assis sur une chaise. Les gens se déplacent et changent d’endroit, mais ils peuvent être perçus à travers les choses qu’ils ont touchées. Je peux percevoir les gens à travers ces objets qui sont liés à leur propre histoire et à leurs voyages. Les sentiments humains tels que la peur, l’amour, la perte, le bonheur, la gratitude sont transmis à travers les objets et reliés par les fils. Tisser me fait penser à de la musique classique, ce qui est très inspirant aussi !

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