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Pourquoi La Bourse De Paris Espère En Secret Un « Brexit »

La Bourse de Paris attend avec impatience les résultats du référendum du 23 juin au Royaume-Uni, en espérant qu’un « Brexit » lui permette de récupérer une partie des activités financières de la très puissante City de Londres.

C’est un secret de polichinelle. La place financière de Paris espère que le référendum du 23 juin au Royaume-Uni débouchera sur un “Brexit”, synonyme de recul de l’influence de la City de Londres en Europe, qui pourrait perdre de nombreux services financiers.

Personne ne l’avouera, mais tous les banquiers y pensent. Un Brexit serait une aubaine pour Euronext, la Bourse de Paris. « Londres est le coeur de la finance en Europe, explique un banquier en poste à Paris. Derrière le référendum, il y a la concurrence entre les places financières européennes. En cas de Brexit, les cartes seraient en partie rebattues, notamment au profit de Paris. »

Les attentes de la Bourse de Paris sont importantes. La City de Londres, première place financière dans le monde, écrase tout en Europe. Elle est hégémonique dans la plupart des services. Elle est le centre financier le plus attractif et le plus ouvert sur l’étranger, loin devant ses deux concurrentes européennes, à Paris et à Francfort. « Londres gère les plus grands marchés, souligne un analyste parisien. Notamment celui des changes (monnaies, NDLR), avec beaucoup de volumes sur l’euro, la monnaie de la zone euro ».

Marchés de changes

En sortant de l’UE, le Royaume-Uni ferait une croix sur une partie de son influence sur le vieux continent. « Impossible d’imaginer que la City garde toutes ses prérogatives si le Royaume-Uni devait quitter l’UE », explique un gérant chez Saxo Banque.

Les principaux marchés de la City sont les marchés d’actions, d’obligations, mais surtout ceux de changes, qui permettent d’investir sur les monnaies. C’est à Londres que se traitent principalement les contrats sur les devises, l’euro en tête.

Depuis l’introduction de l’euro en 1999, la City gère la plupart des transactions sur la monnaie unique. Le Royaume-Uni n’a pourtant pas adopté l’euro et conserve la livre sterling.

Cette situation s’explique par la puissance financière de la place britannique et par le lobbying anglais pour garder la main sur les marchés de changes en Europe. A Londres, le marché quotidien sur les changes représentait, en 2013, plus de 4500 milliards d’euros, selon un rapport de la Banque des règlements internationaux.

Paris sait que le Brexit lui permettrait de récupérer une partie de ces contrats. « Si le Royaume-Uni sort de l’UE, l’une des premières réactions de Bruxelles sera de pousser au transfert de certains marchés vers le continent », relève un banquier.

Pas de fusion Londres-Francfort

Un Brexit serait également synonyme de frein pour le projet de rapprochement entre les Bourses anglaise et allemande. Lancé en février, ce projet de fusion prévoit de renforcer la position de Londres en Europe et de marginaliser un peu plus Paris.

En attendant, à dix jours du résultat du référendum, les marchés tentent d’oublier que les partisans britanniques du « Brexit » et du « Remain » sont au coude à coude. De leur coté, les banquiers français font bonne mesure, cachant leurs intentions, en attendant que leurs voisins anglais les poussent enfin à tomber les masques.

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