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Gaël Duval, Monts Et Merveilles

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Président-fondateur de JeChange.fr, première conciergerie gratuite dédiée à la réduction des factures courantes, et véritable touche-à-tout, Gaël Duval est, selon ses propres termes, un « vieux de la vieille du digital business ». Retour sur un parcours – presque – sans faute, jalonné de coups d’éclats mais aussi de moments de doutes. Des pérégrinations qui vont le mener de Paris à New York, en passant par le terrain politique où il intègre ce qui n’est encore qu’un embryon de « marcheurs » autour d’Emmanuel Macron.

Par monts et par vaux. Une locution qui sied à merveille à Gaël Duval, tant la carrière de celui qui n’est âgé que de 45 ans semble s’étendre sur plusieurs époques et moult lieux avec en filigrane le sentiment d’être en avance sur son temps. Désigné par pléthore d’observateurs comme « un pionnier », Gaël Duval va s’évertuer à faire honneur à cette réputation dans chacune de ses « aventures ». Au sortir d’études de droits couronnées par l’obtention d’une licence en 1992, l’homme se cherche et ne semble pas très désireux de poursuivre dans cette voie. Alors, dès 1995, fidèle à sa volonté d’aller de l’avant, il fonde la toute première Web Agency de l’Hexagone baptisée « Alpaga ». En marche, déjà. « Je vous parle d’une époque où internet n’évoquait rien aux gens et n’était véritablement accessible qu’à un nombre restreint d’individus » raconte le dirigeant. L’activité de l’agence se scinde en deux pôles : un métier d’agence de publicité stricto sensu, et un métier en avance de phase qui correspondait à ce qui peut s’apparenter aujourd’hui à un outil de mesure d’audience.

« Nous récupérions les données de nombreux sites web d’envergure internationale, tel que Coca Cola France », souligne Gaël Duval. Et de se remémorer une anecdote cocasse. « Nous récupérions tellement de data qu’un jour la DST (l’ancienne direction de surveillance du territoire) est venue frapper à notre porte. Les agents pensaient pénétrer dans une pièce avec des tonnes de serveurs et ils sont juste tombés nez-à-nez avec cinq mecs un peu barrés », sourit-il. Fort d’une vision à nulle autre pareille, Gaël Duval, pragmatique, décide finalement de céder l’outil de mesure d’audience qu’il peine à développer. « A cet époque, les levées de fonds et autres financements relevaient encore du fantasme ». Ledit outil tombera finalement dans l’escarcelle de la Sofres. « Débarrassée » de ce poids, Alpaga peut revenir aux « fondamentaux » et se (re)concentrer sur son cœur de métier. Choix résolument gagnant avec l’arrivée de deux gros clients au sein de l’agence, le premier d’entre eux n’étant autre que l’opérateur historique, France Télécom, puis c’est au tour de Disney Online de céder aux sirènes d’Alpaga et de Gaël Duval et ses compères, au nez et à la barbe des mastodontes de la pub.

« Nous avons réalisé les Home Page de douze pays ainsi que toutes les bannières commerciales », se rappelle Gaël Duval. Et de glorifier, non sans une certaine nostalgie, une manière de travailler empreinte d’une certaine liberté. « Nous n’avions pas de format imposé et laissions libre court à notre créativité. Nous avions développé pour l’éditeur IDG la première bannière multimédia sonore du web français, un chien qui aboyait au passage de la souris. Des taux de clics hors normes. », poursuit le fondateur d’Alpaga dont le chemin va croiser celui de Fabrice Grinda, futur deuxième business-angel de France. Une rencontre tout aussi importante « professionnellement qu’humainement » pour Gaël Duval. C’est aussi la naissance d’une passion pour les entrepreneurs et ces pionniers du net. « J’ai eu des coups de foudre pour des visionnaires comme Marc Simoncini, Fabrice Grinda et plus tard Jacques-Antoine Granjon. Un peu de temps avec eux c’est un shoot d’inspiration qui donne le sentiment que tout est facile et possible ».

Fabrice Grinda et Kangaroo Village

Tandis qu’Alpaga continue de croître « tranquillement », l’entrepreneur cisèle, avec Fabrice Grinda, les contours de ce qui n’est encore qu’un copycat d’ebay, et qui finira par devenir Aucland, sous l’impulsion de Gaël Duval. « C’est moi qui ait trouvé le nom. Nous sommes devenus l’agence exclusive d’Aucland pour laquelle nous nous occupions de toute la communication ».  Parallèlement à cela, Alpaga, comme évoqué ci-dessus, est à la croisée des chemins et Gaël Duval décide de vendre son agence en 1999 – juste avant l’éclatement de la bulle, en avance encore une fois – à BBDO Paris qui « fond » Alpaga dans BLL, le pôle interactif du groupe créé par Loïc Le Meur, « un entrepreneur au sens du timing impressionnant ». 

Cette fusion donnera naissance à B2L qui devient la plus grosse Web Agency de France avec plus de 300 personnes, et devient même acheteur de mots-clés, notamment Peugeot sur Yahoo!. Mais Gaël Duval, ne s’arrêtant pour ainsi dire jamais, est encore à la manœuvre pour poser les fondations de Kangaroo Village – avec Fabrice Grinda, Patrick Robin, Serge et Philippe Hayat – qui n’est ni plus ni moins que le premier incubateur de France avec un discours novateur pour l’époque. Financement, incubation, coaching, financement des entrepreneurs… des problématiques jamais abordées auparavant parcourent les allées du « Village ». Une époque « bénie » mais qui, avec l’éclatement de la bulle, va ouvrir une séquence de « turbulences » pour Gaël Duval.

Des dissensions commencent à poindre avec Christophe Lambert, patron de BBDO. « Nous avions des divergences quant au devenir de BBDO. Lui voulait orienter la société vers une voie très conseil / consulting, quand moi je militais pour conserver l’ADN de la créativité », précise Gaël Duval. Le désaccord devenant de plus en plus profond, le patron d’Alpaga finit par prendre la porte en 2001. Difficile à digérer, l’épisode va finalement s’avérer salvateur, avec un certain recul. « J’ai presque eu de la chance de me faire virer. En tout cas je me retrouvais dans une meilleure situation plutôt qu’à diriger une boîte qui s’écrasait. J’ai gagné plus d’argent et des amitiés fidèles ». Gaël Duval s’héberge alors chez Kangaroo Village « en mode réflexion », sourit-il où il est à la recherche de la « bonne idée », celle qui va révolutionner le monde. « J’étais atteint du même syndrome que PKM (du nom de Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de Price Minister) », se marre-t-il aujourd’hui.

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