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Fabrice Grinda, Le Discours De La Méthode

© Getty Images

Deuxième « ange » français derrière l’indéboulonnable Xavier Niel, l’ancien homme fort d’Aucland et OLX dispose d’une méthodologie toute particulière avant de déployer ses ailes au service d’une entreprise de croissance. Immersion dans le quotidien de Fabrice Grinda.

« Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie ». Cette citation attribuée (à tort ?) à Goethe fait résolument office de vertu cardinale dans la vie professionnelle de Fabrice Grinda. L’homme est moins disert et cultive une certaine discrétion par rapport à Xavier Niel mais ses faits d’armes professionnels sont légion. Et non des moindres. Premier d’entre eux : le lancement, en 1998, de la plateforme d’enchères en ligne baptisée Aucland, « l’eBay français », qu’il cédera deux ans plus tard au fonds d’investissement de Bernard Arnault.

La même année, aux Etats-Unis cette fois, il fonde Zingy, une start-up spécialisée dans les jeux, sonneries et autres fonds d’écran pour mobile dont il fait progresser le chiffre d’affaires de 0 à 200 millions de dollars. La magie continue d’opérer et il cède l’entité, en 2004, au groupe japonais ForSide pour la bagatelle de 80 millions de dollars. Enfin, en 2006, il crée, avec son associé Alex Oxenford, OLX avec pour ambition d’en faire le plus grand site de petites annonces du monde. Autre succès qui finira par tomber dans l’escarcelle du sud-africain Naspers en 2010.

Simple et efficace

Le fringant « quadra » restera, ensuite, trois ans à la tête d’OLX avant de mettre davantage à profit tout le savoir-faire acquis durant ces années au service « des autres ». « Je suis officiellement un ange depuis 1999 même si la majeure partie de mes investissements ont été effectués à partir de 2012 », précise-t-il. En effet, depuis cette date, le niçois a mis les bouchées doubles en la matière. Doux euphémisme tant les chiffres donnent le vertige. A ce jour, Fabrice Grinda  a effectué plus de 270 investissements, dont 200 toujours actifs, au sein de 192 entités. Sur la seule année 2015, il entre au capital de 58 start-up, et réinvestit dans 24 autres, tandis que sur l’ensemble de l’année 2016, l’homme peut se targuer d’avoir déboursé plus de 50 millions d’euros.  

Dès lors, comment Fabrice Grinda « repère-t-il » et trace-t-il ses potentielles cibles ? Le travail en amont est primordial et la manière de faire, chirurgicale. « Je décide en une heure si j’investis ou non selon quatre critères immuables : 1) Est-ce que j’aime l’équipe ? 2) Est-ce que j’aime le produit ? 3) Est-ce que les conditions de l’investissement sont intéressantes et enfin, 4) Est -ce que j’aime le métier ? Tous ces critères doivent être remplis. Je n’investis pas si j’aime le produit mais que le feeling avec l’équipe n’est pas au rendez-vous par exemple, » déroule l’entrepreneur, sûr de sa force.

L’entrepreneur, « un artiste »

Et pour cause. Fabrice Grinda, en plus d’être un entrepreneur hors pair, est un investisseur avisé et éclairé, comme en attestent ses participations dans Airbnb ou encore Alibaba, qui figurent à son panthéon personnel des « meilleurs coups ». Il est vrai que les places de marchés – sites intermédiaires entre acheteurs et vendeurs – n’ont plus de secret pour lui, et il s’en est fait, depuis ses débuts avec Aucland, une véritable spécialité. « Je gère les compagnies au jour le jour donc je n’ai pas vraiment le temps d’évaluer les start-up. Je vais donc uniquement investir dans les choses que je comprends », abonde-t-il.

Comment se déroule, dès lors, le « quotidien » du deuxième ange de France ? « Durant une journée, je parle à deux ou trois compagnies dans lesquelles nous avons déjà investi mais également à deux ou trois autres sociétés qui pourraient nous intéresser », développe Fabrice Grinda qui reçoit sur sa boîte mail… 300 à 500 courriels par jour qu’il convient également de trier. Et de poursuivre. « Chaque semaine nous recevons 100 dossiers. J’ai embauché quelques analystes pour m’aider à les filtrer ». Une fois toutes ces barrières franchies, les « heureux élus », des quatre coins du globe, peuvent rejoindre le prestigieux portefeuille de Fabrice Grinda au sein duquel figurent notamment les Français Blablacar et l’application de rencontres Happn. « Ce qui m’intéresse, ce sont les entreprises qui ont des ambitions mondiales », souligne le business angel.

Fort de ses expériences multifacettes, Fabrice Grinda n’oublie pas de distiller ses conseils à ceux qui hésitent à se lancer. « Il faut oser ! De nos jours, il est très facile, financièrement et matériellement, de monter son propre projet. Beaucoup de nos idées peuvent échouer mais finalement quelle importance ? Car le coût de l’échec sera finalement très faible puisque le coût de création l’est aussi. Le génie est dans l’exécution ». Et de donner sa propre définition de l’entrepreneur. « Un artiste qui crée de la valeur à partir de rien ». Parole d’orfèvre.

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