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Avenir Et Devenir Des Start-up En France

Désormais, les choses sont claires : la puissance d’une Nation se mesure aussi par le dynamisme des jeunes pousses qui peuplent son territoire.

Mais dans le cas de la France, la situation demeure hélas contrastée voire inquiétante.

 

Notre pays a le goût du paradoxe. D’un côté, il sait déployer des efforts sérieux pour faire éclore des startups comme l’atteste le début de réussite de  » Station F  » ( anciennement la Halle Freyssinet ), le futur plateau de Saclay ou encore les diverses initiatives de France Clusters ou de filiales dédiées de la Caisse des Dépôts et Consignations.

Côté incitation à l’implantation, nous avons pratiquement gagné notre pari et pouvons être fiers de synergies venues du privé ( Station F et Xavier Niel ) ou du public : Programmes d’Investissements d’Avenir, actions ponctuelles de la BPI, etc.

L’implantation est d’autant plus un de nos atouts que bien des jeunes entrepreneurs sont incontestablement agiles, motivés et persévérants. Même s’il faut bien citer le sort croissant de nombreux jeunes qui optent pour l’exil fiscal du fait de la configuration proposée par notre pays : dans certains secteurs le flux de départs tourne à l’hémorragie des talents ce qui bride mécaniquement notre essor national.

L’attractivité de la place de Paris ne compense pas totalement – au strict plan des créations innovantes – les départs et voilà bien un premier défi français. Celui-ci peut avoir de multiples racines mais il faut souligner que la réforme fiscale du Gouvernement Ayrault consistant à aligner la fiscalité de l’épargne sur celle des revenus primaires a été porteuse d’une véritable contre-productivité. Quelle sorte d’hérésie que de taxer aussi frontalement une épargne qui a déjà préalablement connu ( subi ? ) en cuisine la mandoline du chef fiscaliste. Certaines études évaluent à plus de 300 milliards la sortie de capitaux qui a découlé du matraquage fiscal de ce quinquennat. Clairement, on perd ainsi des occasions de financement de startups ou de PME et aucun fléchage des flux de l’assurance-vie vers les actifs risqués n’a sérieusement été mis sur pied.

Parallèlement, il convient d’observer que nombres de startups se résignent à la vente, à l’adossement à un grand groupe plutôt qu’à la poursuite de leur trajectoire de développement. (  » stand alone  » ).

Il me semble que nous avons ici le point le plus critique de la situation. Songeons à ces licornes potentielles que sont Aldebaran Robotics, eDevice, et surtout Medtech qui ont changé de pavillon national plutôt que de continuer à se battre avec notre sacro-sainte complexité à la française. Ainsi, je ne suis pas inquiet pour l’avenir quantitatif des startups mais pour leur devenir : pour leur point de véritable maturité.

Un homme d’entreprise comme Jean-Louis Beffa ( Président d’honneur de Saint-Gobain ) ne cesse de dire et de redire qu’il faut raisonner en termes de filière et que les grands groupes doivent élaborer, par exemple, des opérations de portage à l’exportation pour épauler les jeunes entreprises. Appliquée à la filière automobile, cette recommandation figurait déjà dans le fameux rapport Gallois de 2012.

Au plan sectoriel ( méso-économique ), notre incapacité à générer des ETI ( entreprises de taille intermédiaire ) par comparaison avec l’Allemagne rejoint le différentiel qui existe entre le dynamisme des PME-PMI de l’Italie du Nord et certaines de nos zones de fragilité sectorielle.

L’ancien banquier de Lazard Frères, Antoine Bernheim, s’intéressait peu au cash immédiat d’une affaire mais bien davantage à ses perspectives de valorisation et de marchandisation à 5 ou 10 ans. C’est dans cette perspective capitaliste que cherchent à s’inscrire toute une série de développeurs et bien entendu leurs financeurs. Aux risques et périls d’achopper sur un éclatement de la bulle de certaines startups. (http://lecercle.lesechos.fr/node/156718/)

Là encore, cette vision du devenir est positif à condition que ne surgissent pas trop de joueurs de casinos autour des startups mais bien des développeurs comme feu Antoine Riboud ou François Michelin qui voulaient bâtir de vrais holdings pérennes et qu’un groupe comme L’Air Liquide illustre.

C’est clairement un plus que Facebook, Vente-privée.com et des fonds d’investissement aient annoncé leur intention ferme de rallier la Station F. Mais en termes de devenir, nos pépites sont convoitées et il faudrait que l’Etat songe à renforcer le CIR ( crédit d’impôt recherche ) plutôt que de tâtonner avec sa baguette fiscale autour de l’économie collaborative comme on vient de le voir récemment.

 

 

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